Retour à la liste

5 questions sur l'impact des arts et des industries numériques à Montréal

Pour le mois de mars, Hugues Sweeney, producteur exécutif dédié aux oeuvres interactives à l'ONF et président du comité sectoriel en arts numériques du Conseil des arts de Montréal, nous parle de l'impact des arts et des industries numériques à Montréal.



1) Que fait un artiste numérique?

C’est une personne qui va utiliser les technologies numériques comme des canevas et des outils d’expression. Parfois il s’agit de procédés (prototypes, hacking, etc), parfois il s’agit d’outils à proprement parler (imprimante 3d, circuits électroniques, code de programmation), parfois il s’agit de dispositif spécifiques (VR, mobilité, espaces publics). Le numérique est souvent à la fois le canal de communication et le contenu qui passe dedans. Ses artistes doivent donc réinventer à chaque fois autant le médium et le média.

2) Quels sont les organismes qui font partie de l'industrie créative?

Le spectre est large: aux extrémités il y a d’un côté les centres d’artistes et de l’autre le monde des start-ups. Entre les deux des catalyseurs comme le Quartier des spectacles et Muséomix, des studios qui font autant de la création que du service comme Dpt ou Akfn. Il y a de gros joueurs comme Moment Factory et Ubisoft et de plus petits joueurs comme AATOAA (Vincent Morisset) et Daily tous les jours – et ça ne veut pas dire qu’ils rayonnent moins. C’est très diversifié et fragmenté. J’oserais dire que ce sont plusieurs silos qui ne se connaissent pas nécessairement. Ces milieux gagneraient à se croiser davantage.  

3) Est-ce qu'il existe des soirées ou des événements où on peut rencontrer leurs créateurs?

Les événements Composite du CAM, les soirées Intersections du Printemps numérique, les Chromatic Pro – il y en a plusieurs. Sinon c’est les événements phares comme Mutek et les lieux comme Eastern Bloc ou Oboro.  

4) Est-ce que c'est un secteur économique en croissance?

Oui. Montréal c’est quand même une des villes les plus importantes au monde quand on parle de jeux vidéos. Je recommande la lecture du rapport du Printemps numérique sur cet écosystème. Aussi faut regarder celle sur les retombées économiques du QDS. Le défi c’est pas tant la croissance que la pérennité. Il faut sortir la production numérique d’une dynamique de service et valoriser la propriété intellectuelle d’ici.

5) Est-ce que Montréal est une ville reconnue dans ce secteur?

Montréal jouit en ce moment d’une réputation de leadership mondial en la matière. Qu’on pense à la scénographie numérique (Moment Factory), au VR (Félix & Paul), au documentaire interactif (ONF), au vidéoclip interactif (Vincent Morisset), aux espaces publics (Daily tous les jours) et plus récemment en AI (Element AI). Le truc c’est que les québécois ne le savent pas. Peu de médias couvrent et relaient ce secteur. Il faut s’approprier le numérique comme une expression culturelle à part entière.  

 

BIOGRAPHIE

Après plusieurs années à tordre les lettres aussi bien que les idées en étudiant philosophie, littérature et Death Metal, Hugues Sweeney s'est rapidement intéressé autant aux histoires qu'aux possibilités qu'offre la technologie de les raconter. D'abord aux nouveaux médias de Radio Canada, puis à la tête de Bande à Part et Espace Musique, il a rejoint l'Office National du Film du Canada en 2009 en tant que producteur exécutif dédié aux oeuvres interactives. Poursuivant l'expérimentation aussi bien dans la grammaire de l'interaction que dans la création sonore ou dans l'art génératif, les projets issus du studio interactif de l'ONF ont reçu plus de 80 prix et distinctions canadiens et internationaux dont les Webby, SXSW, Japan Media Arts et les Gémeaux.

onf.ca/interactif